BienVu #2 : Moins de code, moins de carbone ?
Aujourd'hui nous parlerons des dernières actualités du no-code, des nouveautés chez Bienfait et surtout d'une question qu'on se pose depuis un moment : "Moins de code veut-il dire moins de carbone ?"
🆕 L’actualité du no-code
Stripe annonce la création d’un portail client entièrement en no-code.
La plateforme de paiement Stripe lance une nouvelle fonctionnalité. Désormais les entreprises qui utilisent Stripe peuvent envoyer à leurs clients un lien leur permettant de gérer en autonomie leurs abonnements, leurs moyens de paiement et de consulter leurs factures.
Avec cette nouvelle fonctionnalité, Stripe fait un pas de plus dans l’univers du no-code et nous avons aimé l’analyse fine de Milan sur le sujet.Alegria.Group lève des fonds auprès de la communauté no-code
Le leader des agences no-code en France avait déjà réalisé une levée de fonds de 4 millions d’euros en Juillet 2022. Cette fois-ci, Alegria a décidé de lever 500.000 € via la plateforme française de financement participatif Tudigo. Nous sommes impatients de voir ce que nous réservent les équipes de Christelle, Thomas et Francis.Organisé par Ottho, Roki, Marseille Innovation et le CIC, le No-code Day est un évènement ouvert à tous. Il se tiendra à Marseille, le jeudi 13 Octobre 2022 de 9h à 18h30. Au programme : introduction au no-code, ateliers, cas concrets et échanges avec des experts du secteur. Après le No code Summit, cet évènement confirme une fois de plus l’implication de la France dans le monde de la tech en général et celui du no-code en particulier.
✅ Les nouveautés chez Bienfait
Bienfait était bien présent au Nocode Summit représenté par Simon et notre mascotte. Évènement très attendu, le Nocode Summit a réuni les principaux acteurs du mouvement no-code. Il a confirmé que la France était bien positionnée en Europe (et dans le monde ?) sur les sujets no-code. Nous avons aimé l’énergie véhiculée par la communauté durant ces deux jours. C’était un réel plaisir de se retrouver pour un évènement physique et de rencontrer enfin les acteurs francophones de l’univers no-code, les autres agences ainsi que les éditeurs des outils que l’on utilise tous les jours (et un réel plaisir de faire goûter nos gâteaux 🤌🏻).
Bien Lire continue de s’enrichir :
Cette semaine sur le blog, on a parlé de Bubble, l’outil star du no-code, de comment expliquer le no-code à ses grands-parents (pour ceux qui n’avaient pas lu l’édition #01 de BienVu) et de Notion en tant que plaque tournante du no-code.
🌍 Le conseil no-code et climat
Et si vous supprimiez vos vieux projets tests ?
Chaque projet que vous créez occupe de l’espace et nécessite de la puissance de calcul aux serveurs. Un bon moyen de réduire votre empreinte carbone est de supprimer tous les projets tests dont vous n’avez plus besoin. Vous pouvez par exemple :
vérifier vos bases Airtable et supprimer tous vos projets “test - pour POC client - v2”
vérifier vos scénarios d’automatisation Make ou Zapier : sont-ils tous utiles/ utilisés ? Est-ce qu’il y en a qui sont archivés depuis plus de 6 mois ?
vérifier les outils no-code que vous avez “juste voulu tester pour voir” et supprimer les projets de test créés dessus.
Bien qu’il soit encore difficile aujourd’hui de mesurer leur impact, ces actions ne peuvent qu’avoir un effet bénéfique sur la planète. Et pour le climat, il n’y a pas de petit geste.
✍️ Le sujet de la semaine : moins de code, veut-il dire moins de carbone ?
Cet été, la France, comme la majorité des régions du monde, a traversé un épisode caniculaire extrêmement intense. La raison ? Le réchauffement climatique, évidemment. Chez Bienfait, cela fera bientôt un an que nous créons des solutions no-code et que nous investissons différents sujets autour de cette thématique. Et, comme on l’aime bien notre planète, on a décidé de nous pencher sérieusement sur les enjeux environnementaux de ce secteur. Grosse surprise en découvrant que c’est un terrain quasiment vierge.
Peu de ressources disponibles, des acteurs encore majoritairement étrangers à ces questions… Bref, ce n'était pas gagné ! Alors on a cherché, discuté, écouté, (dormi, un peu), puis cherché à nouveau.
Tout cela avec une seule question en tête : moins de code, veut-il dire moins de carbone ?
⚖️ Le poids du numérique sur l’empreinte carbone globale
Tout d’abord, soyons honnêtes. Évaluer l’impact du no-code, et donc calculer son empreinte carbone, sur le réchauffement climatique mondial n’est pas chose aisée. La nouveauté du secteur couplée au manque d’études et de recul sur le sujet entretiennent un flou statistique qui ne nous permet que des approximations.
Alors, avant même de parler du no-code et de son impact climatique, prenons le temps de poser le contexte dans lequel ce dernier s’inscrit : le numérique.
À première vue, on pourrait penser que le numérique, de par sa nature intangible, n’exerce pas un impact signifiant sur les émissions de gaz à effet de serre mondiales (GES). La réalité est pourtant toute autre.
Derrière l’image lisse et épurée du numérique drivée par les super-puissances de la tech se cache une industrie intimement liée au carbone. Car avant de se procurer un smartphone superbement emballé dans un magasin luxueux, ou avant d’acheter un service numérique via un site web au design élégant, on participe activement (et parfois sans même s’en rendre compte) à une industrie généralisée qui pilonne les ressources naturelles de la terre. Preuve en est, on estime aujourd’hui la part de l’industrie numérique dans le réchauffement climatique à environ 4%.
4% diront certains, c’est peu. En réalité, 4%, c’est énorme. À titre de comparaison, c’est 2 fois l’impact du secteur aéronautique au niveau mondial, rien que ça. Bien sûr, le no-code n’est pas responsable à lui seul de la dimension colossale de ces chiffres. Loin de là. Mais il supporte d’une certaine manière ce système.
🔍 Où placer le no-code ?
Naturellement, c’est un sujet extrêmement complexe qui s’articule autour de nombreuses thématiques dont l’impact diffère selon la localité (nature de la production énergétique, procédés industriels, etc.). Toutefois, on peut diviser la pollution numérique et l’émission de GES en 3 grandes catégories :
Les équipements (environ 47%)
Principale source de pollution, les équipements correspondent aux procédés industriels de production et de distribution de nos infrastructures numériques. Ici, on englobe tout de la politique intensive d’extraction minière jusqu’à la distribution des produits finis dans nos magasins hyper éclairés et climatisés. À titre d’exemple, on estime que la seule fabrication d’un ordinateur portable représente l’émission de 103 kg de CO2 (sur les 156 kg de son cycle de vie complet).
Le réseau (environ 28%)
Le réseau, ensuite, correspond aux infrastructures déployées à l’échelle mondiale pour permettre à nos services de fonctionner correctement. L’exemple le plus poignant étant incontestablement la gigantesque toile d’araignée marine qui connecte et relie le monde entier à Internet. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces infrastructures, il s’agit d’immenses câbles sous-marins enfouis sous le plancher océanique, et qui assurent la bonne communication de nos services. Une sorte de fibre mondiale marine et intercontinentale.
Début 2020, on comptait plus de 400 câbles océaniques dont nombre d’entre eux dépassent les dizaines de milliers de kilomètres. Évidemment, l’installation et la maintenance de ces infrastructures hors du commun représentent un coup carbone énorme pour la planète.
Les data-centers (environ 25%)
Et enfin, les data-centers qui représentent le quart restant des émissions de GES liées au secteur du numérique. Ce sont en réalité d’immenses hangars pourvus de milliers de serveurs qui hébergent, traitent, et communiquent les données du web vers tous les terminaux de la planète. En 2021, on comptait plus de 4 500 infrastructures de ce type réparties au sein d’une centaine de pays. Là encore, c’est un coup énergétique démentiel puisqu’ils nécessitent une alimentation électrique constante et un refroidissement drastique. À titre d’exemple, les data-centers chinois représentent 2,5% des émissions de GES du pays tout entier, quand bien même la Chine recense la majorité de l’industrie lourde de la planète.
En somme, les 3/4 quarts des émissions de CO2 rejetées par le secteur du numérique sont indépendants du bon fonctionnement des services numériques en question, qu’ils soient no-code ou non.
Ces émissions-là sont, en effet, surtout liées aux conséquences de la mondialisation, aux conditions sociales et/ou géopolitiques, aux chaînes de fabrication basées sur les énergies fossiles, et à une politique d’extraction des ressources qui fonctionne à haut débit.
Mais ne paniquons pas, pas tout de suite. Les 25% restants représentent tout de même 1% des émissions de GES à l’échelle du globe ! C’est loin d’être ridicule, et comme il n’y a pas de petites économies, intéressons nous au dernier quart.
🏆 Qui est le champion du bas carbone ?
Attaquons le dernier quart, c’est le moment de vérité. Code ? No-code ? Low-code ? Qui sera le grand champion du bas carbone ? Au risque de vous décevoir, il semblerait qu’ils se tiennent tous dans un mouchoir de poche.
Pour départager nos finalistes, il faudrait s’intéresser à la consommation de chacun d’entre eux, or, c’est une tâche à opérer au cas par cas qui n’aurait pas de réels intérêts statistiques. Comprenez bien, le fonctionnement global des services no-code et autres sont identiques. À la lettre près.
Ils sont hébergés sur les mêmes serveurs, dans les mêmes data-centers, aux mêmes endroits et sont consommés de la même manière par les utilisateurs. Ce qui change fondamentalement la donne, c’est la manière de concevoir ces outils, et non la façon dont ils fonctionnent.
Toutefois, les outils no-code possèdent deux avantages indirects qui les placent peut-être en tête de la course au bas carbone.
D’abord le fait qu’ils reposent tous sur un principe de mutualisation. Chaque outil est la propriété d’une entreprise qui détient une emprise totale sur son service. Il n’appartient qu’à cette entreprise de rendre son service le plus eco-friendly possible.
La deuxième carte que le no-code a dans sa main, (le deuxième atout si vous êtes un joueur de tarot), c’est sa capacité à catalyser la transition numérique à l’échelle du globe.
En somme, on peut estimer que le no-code n’est pas si différent des solutions numériques classiques d’un point de vue carbone, si ce n’est qu’il a en main un potentiel climatique bien plus important. C’est déjà beaucoup.
🌳 L’éco-conception, une compétence redoutable dans les mains des spécialistes.
Il nous reste maintenant un dernier sujet à creuser, celui de l’éco-conception. Car outre les facteurs à potentiel du no-code et la manière dont ceux-ci fonctionnent, la conception même des services no-code permet d’influer sur leurs bilans carbone.
L’éco-conception repose sur trois facteurs bien distincts qui mêlent plusieurs compétences métiers :
La pertinence fait appel à des compétences en gestion de projets et en design thinking. C’est une part essentielle du projet (bien que trop souvent écartée) qui vise à déterminer l’utilité du projet. En d’autres termes, on vise ici à supprimer l’inutile, et donc à limiter la puissance de calcul nécessaire aux serveurs qui hébergent notre service pour le faire tourner correctement. C’est en limitant cette puissance de calcul que nous pourrons abaisser notre consommation énergétique, et donc amoindrir notre bilan carbone.
La frugalité, c’est la mise en œuvre du projet. Elle englobe le choix des outils no-code (pas tous équivalents en matière d’émissions de GES), l’UX d’un projet (un site web bien conçu permet à l’utilisateur de trouver rapidement l’information recherchée et implique donc une baisse de la consommation énergétique par utilisateurs.), et enfin le contenu affiché et hébergé. C’est donc au no-code maker de maîtriser les notions de contenu web afin d’apporter la meilleure expérience à l’utilisateur, tout en supprimant l’inutile.
La simplicité, enfin, c’est la somme des deux catégories précédentes. Elle englobe la pertinence du projet (la solution créée a-t-elle une vraie valeur ajoutée ?), la conception même du service (choix des outils, SEO, etc.), et l’utilisation par l’utilisateur (UX).
Alors concrètement, le no-code à une marge de manœuvre réduite dans la quête du bas carbone au sein du numérique puisqu’il n’influe que sur 25% des émissions de GES du secteur. Toutefois, et c’est rassurant, ces 25% là représentent 1% des émissions de carbone du monde entier. Et 1%, c’est beaucoup, c’est même gigantesque.
Si le sujet vous intéresse, que vous avez des choses à dire, des remarques, des réactions violentes, ou simplement envie d’informations supplémentaires, c’est par ici.
Hyper intéressante, votre analyse ! Pour moi, c'est la petite astuce au début de la newsletter ("Et si vous supprimiez vos vieux projets tests ?") qui est la plus révélatrice du vrai impact du no-code : le no-code, c'est aussi tester plein d'outils, lancer des projets, dupliquer à volonté des apps pour faire des sauvegardes, créer des projets pour tester ou pour le fun... Là où un dév sauvegarde juste les différentes versions de son code, un.e no-codeur/no-codeuse utilisera souvent le seul outil à sa disposition : la duplication. Ce qui fait qu'on n'en est plus seulement à stocker une ancienne version de son code, mais tout un environnement (et sa puissance dédiée côté serveur) pour que l'app soit fonctionnelle côté développeur et côté utilisateur... Tout ça pour rien pour certaines apps n'ayant qu'une vocation de backup ou de bac à sable. Ce sera en particulier le cas sur Bubble, Airtable... Donc même si les outils développés en no-code étaient plus efficients que les outils codés (et j'ai de gros doutes dessus - mais ça dépendra avant tout de la manière dont l'outil codé a été développé), le fait que le no-code incite à démultiplier les outils et les projets (ou du moins ne contraint pas sur leur multiplication) fait que son impact sera globalement plus lourd. En bref :
- Le modèle majoritairement freemium et/ou illimité n'incite pas les utilisateurs à considérer la "pertinence"
- Le fait que l'essentiel des choix techniques soient faits sous le capot, et que la majorité des utilisateurs soit peu technique, donne sensiblement moins de prise à la "frugalité" sur le plan technique (il y a surtout les dév Bubble expérimentés qui s'en soucient, et quelques utilisateurs de grosses bases sur Airtable)
Sur le sujet, j'avais aussi beaucoup aimé cet article : https://www.latitudes.cc/pour-une-tech-plus-sobre